L’argent ne résout pas un problème de structure. Les talents, oui.
Dans l’écosystème entrepreneurial africain, et plus précisément camerounais, le financement reste l’un des sujets les plus récurrents – et les plus frustrants. “Il nous manque les moyens”, “on a une idée mais pas de fonds”, “les investisseurs ne nous comprennent pas”… Ces phrases, on les entend dans presque chaque incubateur, pitch competition ou salon de l’innovation.
Et pourtant, les entrepreneurs qui lèvent des fonds ne sont pas toujours ceux avec les idées les plus brillantes. Ils sont souvent ceux qui ont su bâtir un capital humain solide : une équipe compétente, engagée, crédible ; un leadership clair ; une vision partagée.
Il est temps de rééquilibrer le discours : avant de chercher le capital financier, investissez dans votre capital humain. C’est ce qui attire l’argent, pas l’inverse.
1. Le mythe de l’idée “géniale”
Il est facile de croire que ce qui attire les investisseurs, c’est l’idée. Mais en réalité, ce n’est jamais l’idée qui est financée, c’est l’équipe qui la porte.
Un investisseur sérieux sait que :
- Le marché peut évoluer.
- La technologie peut échouer.
- Le produit peut pivoter.
Mais si l’équipe est résiliente, compétente, complémentaire, alors le projet a plus de chances de survivre et d’évoluer.
Ce que ça signifie pour vous :
Avant de perfectionner votre pitch deck, posez-vous cette question : est-ce que mon équipe inspire confiance ?
A-t-elle les compétences techniques, commerciales, financières et humaines nécessaires à la réalisation du projet ?
2. Capital humain ≠ simple recrutement
Quand on parle de capital humain, il ne s’agit pas uniquement de “recruter des gens”. Il s’agit de construire une culture, de créer un environnement où les collaborateurs :
- comprennent la vision de l’entreprise,
- se sentent utiles,
- peuvent apprendre,
- et ont envie de rester.
Dans le contexte camerounais, où le turnover peut être élevé et les talents rares, cela implique de :
- Former plutôt que chercher des profils “parfaits”.
- Partager les responsabilités, même dans une petite équipe.
- Créer des incentives non financiers : reconnaissance, montée en compétence, flexibilité, sens.
Exemple concret : Une startup agri-tech qui forme elle-même ses agents de terrain à l’usage d’applications mobiles au lieu d’attendre des profils déjà formés multiplie ses chances de déploiement rapide… tout en construisant de la loyauté.
3. Ce que les investisseurs regardent vraiment
Selon plusieurs fonds d’investissement africains, les principaux critères d’analyse d’un projet tech sont :
- Qualité de l’équipe fondatrice (compétences, engagement, historique).
- Capacité d’exécution (avancement réel, rapidité de test).
- Clarté de la vision business (problème + modèle économique).
- Et seulement ensuite : scalabilité, traction, projections financières.
Autrement dit : si votre équipe ne convainc pas, vous ne passerez pas la première étape, même avec un produit prometteur.
4. Comment renforcer son capital humain en tant que PME Tech ?
Voici 5 leviers concrets à activer :
a. Définir une culture d’entreprise claire
Même si vous n’êtes que 3, définissez ce que vous valorisez : transparence, collaboration, rigueur, apprentissage, etc. Cela crée un socle commun.
b. Choisir des collaborateurs complémentaires, pas des clones
Une équipe de développeurs sans profil commercial ou financier sera déséquilibrée. Recherchez la diversité des compétences et des personnalités.
c. Travailler avec des mentors et conseillers
Tous les talents ne doivent pas être salariés. Un mentor expérimenté en finance ou en croissance peut jouer un rôle stratégique. Le Pavillon Numérique, par exemple, facilite ces connexions.
d. Instaurer un processus d’apprentissage continu
Dans un monde tech en mouvement, former son équipe est un investissement, pas une dépense. Outils digitaux, MOOCs, ateliers internes… les formats sont nombreux et accessibles.
e. Documenter et structurer
Un capital humain fort repose aussi sur une bonne organisation. Procédures internes, partage de connaissances, délégation claire… cela évite de dépendre d’une seule personne.
5. Ce que le Pavillon Numérique peut apporter
Le Pavillon Numérique se positionne comme un espace de croissance pour les humains derrière les entreprises. Il offre :
- Des programmes de mentorat avec des experts sectoriels.
- Des espaces de recrutement ciblé et de mise en relation entre jeunes talents et startups.
- Des formations continues autour de la gestion d’équipe, du leadership, du travail en mode agile, etc.
- Un écosystème où le partage d’expérience devient un réflexe collectif.
En d’autres termes, c’est un levier pour structurer le capital humain avant de solliciter un capital financier.
6. Témoignage : “C’est notre équipe qui a convaincu les investisseurs, pas notre prototype”
Valérie, cofondatrice d’une startup de livraison connectée à Douala :
“Quand nous avons postulé à un programme d’accélération, notre MVP n’était même pas finalisé. Mais notre équipe avait déjà travaillé ensemble, on se complétait bien, et on avait des retours clients très clairs. Les investisseurs nous ont dit : ‘Votre projet peut pivoter, mais vous, on croit que vous irez loin.’ On a levé nos premiers fonds, et aujourd’hui, on a doublé notre effectif.”
Conclusion : Commencez par construire ce qui attire naturellement les financements
Trop d’entrepreneurs pensent :
“Si on avait les moyens, on pourrait construire une équipe.”
Alors qu’il faut penser :
“Si on construit une équipe forte, les moyens viendront.”
Résumons les clés pour renforcer votre capital humain :
| Levier | Impact |
| Culture d’entreprise claire | Motivation et engagement interne |
| Équipe complémentaire | Meilleure exécution stratégique |
| Mentors & experts | Prise de recul et crédibilité |
| Formation continue | Agilité et adaptation |
| Documentation & organisation | Autonomie et pérennité |
Le capital humain est votre premier investisseur. Valorisez-le.